Au sein du Gers

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Allaitement et éveil au goût

Voici un extrait d'un entretien auprès de Nathalie Rigal, psychologue chercheur, concernant la construction du plaisir alimentaire chez les enfants. Le passage en gras souligne le rôle positif de l'allaitement.

L'entretien complet est disponible sur le site de la Mission d'animation des Agrobiosciences :
http://www.agrobiosciences.org/article.php3?id_article=2938


Question :  Concernant les femmes qui allaitent, un certain nombre d'aliments sont proscrits, comme le persil, au risque que le lait aurait un goût trop amer, un drôle de goût. Est-ce prouvé ou de l'ordre de préconisations hypothétiques ?


Réponse : Un drôle de goût ? Cela dépend dans quel sens on entend le mot goût. Le goût au sens pur comprend quatre saveurs de base : sucré, salé, acide, amer. Effectivement, tous les bébés du monde aiment la saveur sucrée et rejettent l'acidité et l'amertume. Alors, oui, le lait de la maman se parfumant de ce qu'elle consomme, si elle mange des aliments très amers, il pourrait être difficile pour le petit de téter ce lait là. Mais ce n'est pas si simple que cela, parce que l'amertume, finalement, on ne sait pas très bien ce que c'est. Il n'existe pas de molécule de l'amertume, comme il en existe pour l'acidité. On ne sait pas bien ce qui est réellement amer de ce qui ne l'est pas, et on n'est pas vraiment sûr que manger une endive donne un goût amer au lait. Voilà pour la saveur. Mais, finalement, dans les aliments la saveur représente une toute petite quantité de la formation du goût : seulement 20% en moyenne. Les 80% restants sont dus à l'odeur. Prenez l'ail : il a une odeur très forte, mais très peu de saveur. Et là, on sait, qu'il n'y a aucune bonne ou mauvaise odeur universelle, à part peut-être la vanille qui suscite des réponses de plaisir, et les odeurs de protéine en décomposition du déplaisir. Mais le chou, l'ail, tout ce qu'on demande aux mamans de ne pas consommer ne sont pas des odeurs rejetées a priori par le nouveau-né. C'est à force d'apprentissage qu'il va apprendre à les rejeter.. Au contraire, on pourrait dire que si la maman veut habituer son enfant au goût du chou, de l'ail, etc., elle peut commencer à le familiariser à travers l'allaitement. De nombreux travaux scientifiques montrent qu'un des facteurs permettant de d'augmenter les chances qu'un enfant ne sera pas difficile est l'allaitement. Cela ne s'explique pas par une catégorie socioprofessionnelle plus élevée, mais bien parce que le bébé qui boit le lait de sa mère est soumis à un univers olfactif très varié, alors que celui nourri au biberon a toujours le même goût et la même odeur en bouche, pendant 3 mois voire 6 mois de sa vie.


16/02/2011

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